Confortablement installé dans la quarantaine, me voici aujourd’hui obligé de faire le deuil de plusieurs rêves que j’ai longtemps chéris, à commencer par celui de jouer un jour pour les Canadiens de Montréal. Je n’ai jamais passé proche de faire le club, mais vous comprenez ce que je veux dire… Mais bon, il y a pire malheur : il ne m’en reste plus pour longtemps.
Je n’y échapperai pas. Le diagnostic est tombé et il n’y a absolument rien à faire. Mais ne vous en faites pas trop pour moi; je me considère plutôt chanceux en fait. Peut-être même plus que vous, considérant que j’en suis conscient et que je me prépare pour un « projet expérimental »…
Je ne suis pas sans savoir que référer au côté éphémère des choses peut créer un malaise chez certains. Mais rassurez-vous d’emblée. Je suis en parfaite santé et si ce n’était pas de l’urgence de vivre qui m’habite présentement, tout irait pour le mieux.
Pendant des années, ça fait bizarre à dire, j’ai en quelque sorte été « trop occupé » pour vivre. Je me dépêchais d’attacher mes souliers chaque matin et je partais pratiquement en courant sans vraiment porter attention vers où je me dirigeais. Paradoxalement, j’étais passé maître dans l’art de choisir de nouvelles « destinations » : Tokyo, Stockholm, Sydney, etc. Une belle façon de démontrer, en apparence, que je savais où je m’en allais ! Mais qu’en était-il vraiment ?
Avec le recul, j’ai réalisé que ces échappatoires sporadiques tentaient en fait de camoufler une réalité beaucoup moins exotique, soit celle d’une vie professionnelle qui ressemblait à un long et sombre tunnel. Il me fallait ainsi le traverser avant de pouvoir crier « Vive les vacances ! » de temps à autre.
Déterminé à aller au fond des choses, j’ai alors ouvert un chiffrier Excel. Mais quoi !? Il est connu que le fait de disposer de statistiques peut aider à convaincre… En tout cas, je l’avais souvent fait au cours de ma carrière et ça m’avait plutôt bien servi. Pourquoi alors ne pas faire de même pour analyser et tirer des conclusions sur ma propre situation ?
Le portrait statistique qui en a découlé s’applique pas mal à tout le monde… et ne requérait pas à vrai dire l’utilisation de Excel ! Voici en gros ce qu’il en est ressorti et qui pourrait vous intéresser :
Dans mon cas, je l’avoue, j’en ai loupé un bon bout… Et c’est peut-être le cas aussi pour vous. Mais bon, sachant qu’on ne peut pas tout recommencer, concentrons-nous sur le temps qu’il nous reste. Dans mon cas, on parle de 4500 jours tout au plus ! Parce que ça fait tout de même pas mal de jours, j’ai eu l’idée de recourir à la « technique de Merlin » afin de préparer la suite. Cette technique, inspirée d’un personnage mythique, consiste à décrire la finalité qu’on cherche à atteindre avant, dans un second temps, de lister toutes les étapes qui devraient normalement nous y mener. Si on fait une analogie avec les Canadiens de Montréal, ça reviendrait à se demander comment le club a fait pour gagner sa prochaine Coupe Stanley. Bon, dit comme ça, je sais que ça peut sembler un peu décourageant, mais vous comprenez ce que je veux dire…
Oui, c’est ça. Je veux m’amuser. Tout de suite. Maintenant. Je ne veux pas attendre à ma retraite pour ça. Je ne veux pas non plus attendre jusqu’à mes prochaines vacances. Je veux juste une job le fun ! Une job qui me permettrait de dire « je ne peux pas croire que je suis payé pour faire ça ! ». Mais est-ce que ça existe vraiment ? Peu importe, l’exercice du Merlin m’aura au moins fait réaliser une chose : mon parcours devra être aussi amusant que la destination. En d’autres mots, chaque jour devra être pour moi un jour de victoire de la Coupe Stanley.
Animé par une soudaine « urgence de vivre », j’ai hâte aujourd’hui de voir ce que l’avenir me réserve. Mais je n’attendrai pas après l’avenir. J’irai plutôt le provoquer, histoire de voir ce que ça donne.
Éric Simoneau
Note : N’hésitez pas à partager ce texte si vous croyez qu’il pourrait alimenter la réflexion d’autres personnes.
Vous aimeriez approfondir votre réflexion sur le sujet ?
Eh bien, ce magazine gratuit d’une trentaine de pages a tout ce qu’il vous faut !
Un contenu riche et varié afin d’approfondir vos connaissances ET alimenter votre réflexion !
- Sortir de sa zone de confort
- Avez-vous ce qu'il faut pour aller vers du « wow » ?
- Notre relation avec l'argent
- Les résultats étonnants de 57 études scientifiques résumés sur 37 post-it !
- ...et bien plus encore !!!
Magazine gratuit !
lecture et rédaction
(articles, livres, vidéos)
Eric,
Je trouve ton processus super inspirant. J’ai pris une pause il y a une dizaine d’années après quelques événements de vie qui te poussent à te demander si c’est la vie que tu souhaites jusqu’à la retraite. Je pense qu’une partie de la réponse est dans le comment on perçoit son travail actuel. Est-ce qu’on se donne le droit d’avoir du fun? On se donne le droit de terminer plus tôt même lorsque débordé? Parfois le même travail peut se vivre de plusieurs façons. C’est un choix. Être heureux dans sa job 4 jours sur 5 c’est pas mal.
Et puis il y a la grande aventure. Celle dont tout le monde rêve. Visiblement celle que tu nous raconteras bientôt.
Bon succès qu’il faut dire.
Bonjour Charles,
C’est drôle que tu évoques le fait d’aimer son emploi 4 jours par semaine… C’est probablement avec cet objectif inconscient que j’avais demandé et obtenu la possibilité de travailler 4 jours par semaine lors de mon dernier emploi ! Cela dit, j’ai réalisé un jour que, si j’y étais contraint, je préférerais bizarrement travailler 3 jours au lieu de 5… Ça été ma façon de conclure que je faisais face à un réel problème, surtout que les autres emplois dans mon domaine ne m’intéressaient pas plus ailleurs !
Salut Éric! J’ai beaucoup apprécié ton texte. Réflexion similaire ici, et j’ai pris ma « retraite' » l’an dernier, à 45 ans, parce que pourquoi pas, et c’est le temps de faire maintenant ce qu’on a envie de faire, au lieu d’attendre d’être vieux. Peut-être que ce sera une retraite temporaire, on verra bien. Bonne chance et beaucoup de bonheur avec tes projets!
J’aime bien le « pourquoi pas ? ». Ne laissons pas en effet les autres déterminer ce qui serait le mieux pour nous ! Qui a dit qu’il fallait travailler jusqu’à 65 ans afin ensuite de s’arrêter brusquement… ?
Votre texte est rempli de vérité… On fait des tonnes de choix. Tous basés sur des « je dois » ou des « il faut que », puis on réalise qu’on a oublié la question la plus importante: « j’aimerais quoi »… Heureusement, il n’est jamais trop tard pour les constats et les changements de direction. J’ai hâte de lire la suite…
Il n’est en effet jamais trop tard Marie-Eve pour se poser ce genre de questions existentielles. Cela dit, force est d’admettre que le plus important est de déterminer ce qu’on fera après avoir répondu à celles-ci sachant que tout changement souhaité dans notre vie nécessitera de prendre action !