L’appel du dragon et le pèlerinage vers l’initiative « Une job pour un don »

« Arrête d’écrire un livre sur la vie que tu rêves d’avoir et fais-le pour de vrai si c’est ce qui te fait rêver. Tu écriras ton livre après ».

Voilà ce que m’a dit mon ami de longue date lorsque je lui ai dit comment « avançait » mon idée de projet… En somme, je me contentais encore alors de rêvasser à la vie que j’aurais pu avoir si j’avais eu l’audace de lancer l’initiative Une job pour un don à l’organisme de votre choix !.

C’était il y a environ deux ans. Bref, cet appel a tout changé…

Mon souper avec les « dragons »

Quelques mois avant cet appel, il y avait eu ce fameux souper au resto avec cet ami et une autre amie du temps de l’université. Si mon idée de projet avait un certain potentiel, ils me le diraient. Sinon, ils me le diraient aussi… et ils en profiteraient pour se moquer de moi pendant des années ! Bref, de vrais amis…

Mon cœur voulait littéralement sortir de ma poitrine ce soir-là. C’est que j’avais vraiment besoin de savoir ce qu’ils en pensaient, quitte à devoir m’enlever cette idée de la tête pour de bon. Histoire de partir en douce, j’ai donc commencé par leur mentionner mon désir de quitter le domaine des ressources humaines et de la rémunération. Ils n’ont bien sûr pas trop bronché… 

Je leur ai ensuite expliqué que j’aimerais dorénavant prendre part à des projets vraiment le fun, par exemple en communication, et qu’afin de démontrer tout mon sérieux, je m’engagerais à verser la grande majorité de mon salaire à un organisme de bienfaisance. À mon grand soulagement, ils n’ont pas éclaté de rire et se sont même montrés très intéressés. Ce soir-là, j’ai compris que je tenais peut-être un petit quelque chose entre les mains… 

Transformer un Picasso en Monet

L’opinion des « dragons » m’avait donné un nouveau souffle et j’étais maintenant obsédé par cette idée de projet. Il n’était toutefois pas question pour moi de quitter mon emploi, comme ça, juste sur un coup de tête. J’avais besoin de réfléchir, d’étudier mes options, de faire des listes de pour et de contre… De peaufiner aussi ce à quoi pourrait ressembler ce possible projet. 

Pendant les mois qui ont suivi, j’ai ainsi pris soin de recenser toutes mes réflexions et idées éparses dans un document PowerPoint. J’avais en passant intitulé ce document « Faits saillants », sûrement parce que j’avais l’impression à ce moment de ne pas avoir tout couvert malgré ses 89 diapositives ! Mais bon, avant de possiblement sauter dans l’aventure pour de vrai, il me fallait d’abord mettre de l’ordre dans tout ça et aller solliciter l’opinion d’autres personnes soigneusement identifiées.  

Au nom du père…

Même si j’avais alors déjà présenté mon idée de projet à quatre ou cinq autres personnes avant et que ça c’était toujours bien passé, ce n’est pas avec l’assurance d’un vendeur de « Tupperware » que je me suis présenté chez mes parents un certain dimanche après-midi… Il faut dire que ce n’était pas tous les jours que je m’invitais chez eux pour leur faire une présentation PowerPoint sur la table de cuisine !

D’entrée de jeu, et ça peut sembler bizarre à dire, je dois admettre que j’ai été surpris par leur ouverture quand je leur ai dit que je songeais à quitter le domaine dans lequel j’œuvrais depuis plus de 20 ans. Sans trop d’hésitations, mon père m’a même lancé : « Si t’es pas heureux dans ce que tu fais, lâche ça ». Pour un homme plutôt conservateur qui avait pratiquement fait le même boulot pour le même employeur pendant toute sa vie, son commentaire ne m’apparaissait pas banal. Sentant aussi chez lui un certain brin d’amertume, j’en déduis alors qu’il regrettait peut-être lui-même de ne jamais avoir osé dévier de sa route.

Cela dit, si mes parents trouvaient somme toute logique que je souhaite donner une nouvelle direction à ma carrière, il me restait encore à leur présenter le projet susceptible de le permettre... C’est que, comme le dit le dicton « If you can make it there, you can make it anywhere », j’avais l’impression que j’allais affronter l’auditoire le plus critique et difficile qui soit ! Ainsi, bien que ma décision d’aller de l’avant était déjà pas mal prise à ce moment, j’ai tout de même été heureux d’entendre mon père dire à la fin : « C’est fou, mais ça pourrait fonctionner… ». 

On ne naît pas croyant

Très heureusement pour moi, ma conjointe me soutenait depuis le tout début avec mon idée de projet. Les quelques personnes aussi à qui j’en avais parlé n’avaient pas réussi à « péter ma balloune », certaines se montrant même nettement plus optimistes que moi quant à la suite des choses. Il ne me restait plus en fait qu’à me convaincre véritablement moi-même… Puisque j’avais confiance que ce jour finirait tôt ou tard par arriver, j’ai décidé de quitter mon emploi afin de faire progresser plus rapidement mon projet.

N’ayant rien de prévu à mon agenda le premier lundi suivant ma démission(…), je suis passé faire un tour chez le libraire afin de trouver un livre qui m’aiderait à me convaincre que tout ceci était vraiment possible. N’ayant lu que deux ou trois livres au cours des vingt années précédentes, je ne trouvais pas ma présence en ce lieu anodine ! C’est sûrement d’ailleurs ce qui explique pourquoi je suis resté près de deux heures avant de choisir quel livre acheter ! 

« Écoute ton cœur, pas les autres ! »

Quoi !? C’est là que j’apprends ça ! Après avoir terminé mon pèlerinage et mon processus de consultation publique !? Bon, sachant que personne n’avait encore tenté de me décourager, j’avais peut-être été chanceux… Comme je venais de l’apprendre à travers mes différentes lectures, il aurait en effet été très facile pour certains de me faire vivre leurs propres angoisses et de chercher à éviter que je ne me fasse du mal (autre que celui que j’avais et dont ils ne pouvaient percevoir la nature ni l’ampleur).

Mes différentes lectures m’avaient aussi fait réaliser que j’avais bien fait de demander aux gens au courant de mon idée de la garder secrète. En toute honnêteté, c’était au départ afin de possiblement me permettre de faire marche arrière sans trop que cela ne se sache… Ainsi, si j’avais trop ébruité mes intentions, il se serait sûrement trouvé des gens pour me décourager tout en disant agir « pour mon bien ». Dans cette veine, j’étais aussi content d’avoir choisi des gens aux profils différents car cela me permettrait plus tard de me tourner vers eux pour obtenir conseils. 

Une route devenue à sens unique

« Assez réfléchi, au boulot maintenant ! ». Déformation professionnelle oblige, j’ai commencé par dresser la liste de tout ce que ce projet impliquerait de faire. Puis, suivant mon réflexe d’ancien chef d’équipe, qui pourrait s’occuper de quoi… Très vite par contre, j’ai pris conscience que mon projet avait beau susciter de l’intérêt chez les autres, il s’agissait quand même de « mon » projet et que c’était à moi de le réaliser ! Bon, pas si grave que ça sachant que j’avais maintenant tout mon temps. Mais ça allait quand même me prendre pas mal de temps…

Les semaines puis les mois ont passé, ce qui fait qu’il n’a pas toujours été possible pour moi de rester terré dans ma tanière. En me voyant, certains parents et amis me demandaient par exemple comment les choses allaient au bureau ou sur quoi je travaillais présentement… Il y avait aussi les voisins qui étaient curieux de savoir, avant que ne débute le confinement, pourquoi j’étais dorénavant toujours à la maison ! 

C’est en répondant à ce genre de questions, sans jamais tout dire, que j’ai peu à peu fini par rendre impossible un retour en arrière pour moi. C’est que, plus il y avait de gens au courant que j’étais « enceint », plus il aurait été difficile à mes yeux de les informer plus tard que je ne l’étais plus… Tranquillement pas vite donc, j’avais fini par franchir le point de non-retour et il ne me restait plus dès lors qu’une option, soit celle d’aller vers l’avant.

Quand « ne pas faire » devient source d’angoisse

Au tout début, quand je réfléchissais à mon possible projet, je me demandais souvent : « Qu’est-ce qui va arriver si je le fais ? ». Vous comprendrez que l’idée me stressait un peu ! C’est que je pensais constamment à ce qu’il me faudrait renoncer pour y arriver : un emploi bien rémunéré (à temps partiel en plus), une petite vie prévisible, etc. Qu’est-ce que quelqu’un comme moi pouvait bien demander de plus ? 

En voyant le projet tranquillement prendre forme par contre, j’ai commencé à me poser une question un peu différente : « Qu’est-ce qui va arriver si je ne le fais PAS ? ». Je n’avais étonnamment plus peur de perdre, sauf peut-être ce que je n’avais pas encore obtenu et que je pouvais commencer à entrevoir... 

Lumière

Étant maintenant résolument tourné vers l’avenir, voilà que j’avais réussi à faire de cette idée un peu folle une véritable quête ! En d’autres mots, il me fallait absolument aller au bout de cette aventure et voir ce qui pouvait bien s’y trouver ! Pas question pour moi non plus de regretter plus tard de ne pas l’avoir essayé ! Dans cette foulée, la « question existentielle » du tout début ne consistait plus à savoir si mon projet allait fonctionner, mais bien dans quelle mesure il allait fonctionner. 

Vivre un roman

Tout ça pour dire que l’appel téléphonique de cet ami « dragon », il y a de ça deux ans maintenant, m’a empêché de possiblement écrire un très bon roman sur la vie tumultueuse que j’aurais pu avoir si je m’étais contenté de rêvasser au lieu de passer à l’action. Dommage pour cet ami car il aurait été, avec moi, l’un des principaux personnages ! Mais bon, qui sait, peut-être que l’histoire que je m’apprête bientôt à vivre sera encore plus palpitante que ce récit mort-né…

Pas de contrat de livre pour moi donc. Ça m’attriste quand même un peu dans la mesure où j’aurais bien aimé savoir dans quel rayon il se serait trouvé chez le libraire : avec les récits fantastiques, de science-fiction ou d’aventures… ? Peu importe, je me console aujourd’hui en me disant que ce roman, aussi palpitant soit-il, ne m’aurait jamais procuré la même fébrilité que ma présente tentative de le vivre pour de vrai.

À suivre…

Éric Simoneau

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4 réflexions sur “L’appel du dragon et le pèlerinage vers l’initiative « Une job pour un don »”

  1. Wow! Excellent article Éric, ça fait vraiment réfléchir et questionner nos actions et envies. J’ai beaucoup aimé, faut le lire plusieurs fois parce qu’il y a pas mal de réflexions qui méritent une pensée plus longue et faire des petits changements à notre quotidien. « Baby steps » ?

    1. Éric Simoneau

      Tant mieux si cet article génère certaines réflexions. Bizarrement peut-être, il ne s’agissait pas de son but premier ! Pour vraiment alimenter ta réflexion, je t’invite plus particulièrement à lire l’autre article de blogue (« Le temps qu’il me reste ») ainsi que mon magazine gratuit (« Argent content ») ! Tu m’en donneras là aussi des nouvelles ! Bonne réflexion…

  2. Bravo, j’ai bien aimé lire ton article. C’est un article réfléchi et plein de sens. Personnellement, tes réflexions, ta façon de procéder et ta détermination m’impressionnent. Cet article mérite pour plusieurs un temps d’arrêt, une réflexion et par la suite une mise au point appropriée. À ceux pour qui les challenges de la vie font souvent surface, cet article peut vous donner une nouvelle façon de voir et de vivre votre vie. Et même au troisième âge. Bravo Éric pour cet article, il a de la puissance.

    1. Éric Simoneau

      Merci pour les bons commentaires, très gentil ! Il est vrai que la réflexion entourant les moyens à prendre pour réaliser ses rêves n’a pas à se limiter à la carrière. Pour cette raison, tant mieux si cet article peut rejoindre un plus large public !

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